Thimphu, la capitale

Présentation générale

Thimphu, c’est la capitale du pays. Pourtant ce n’est pas là que se trouve l’aéroport international qui est à Paro. Les deux villes sont à 1h de route par une voie en très bon état bien qu’extrêmement tortueuse.

90 000 personnes y vivent soit la plus grande ville de ce pays mais l’exode rural tend à accroître ce nombre comme en témoigne les banlieues qui s’étalent. Le Roi actuel (le 5ème de la Dynastie) y a son palais, 6 mois par an, la cité est aussi le siège de l’administration religieuse dont le chef est appelé Jé Khenpo (équivalent du Pape). Enfin, on trouve quelques institutions internationales et en premier lieu, un des sièges de la SAARC (alliance de pays de l’Asie du Sud).

La plus grosse artère de la ville, son épine dorsale, est la rue Norzin Lam, bordée de commerces, d’hôtels-restaurants, d’immeubles dans le pur style bhoutanais. Quel est ce style ? Principalement des fenêtres et des décorations en bois sur toutes les façades, même les plus modernes. Souvent également des peintures représentants des symboles. Ses standards doivent être obligatoirement présents sur tous les bâtiments et font partie de l’identité bhoutanaise.

Les principales curiosités (du sud au nord)

Tout au sud, surplombant la voie qui conduit vers Dochula, Punakha et le Bhoutan central : le dzong de Semtokha. Un dzong est un monastère-forteresse comme le célèbre Potala au Tibet. Siège à la fois de l’administration et des autorités religieuses donc centre de pouvoirs. Celui-ci est le plus ancien dzong construit par l’unificateur du pays qui était autrefois divisé. Il fut érigé à partir de 1629. Il a toutefois cédé sa place à l’édifice bien plus grand construit au nord de la capitale.

Aujourd’hui, Semtokha est la 2nde plus grande école monastique du pays avec 500 moines répartis sur plusieurs bâtiments. Le principal, celui qui se visite, consiste en effet en un temple-tour central avec une minuscule cour l’encerclant, espace lui-même fermé par les cellules des moines.

Un peu plus haut, un immense Bouddha siège au sommet d’une montagne, en position de méditation : il s’agit de Kuensel Phodrang. Le monument fut édifié en 2008 grâce à des dons venant de Taïwan, de Singapour et de la Chine en reconnaissance de miracles. La statue s’élève à 61 mètres de hauteur et comporte de très nombreux étages mais tout n’est pas encore achevé : à terme s’y ajouteront un agréable parc et un hall pour les conférences religieuses organisées par les plus hautes instances du pays. Il y a peu de temps, le Jé Khenpo est venu inaugurer le temple. L’intérieur est le seul du pays où il m’a été accordé de prendre des photos et témoigne d’une partie des richesses que l’on peut trouver au sein de chaque sanctuaire : statues, fresques relatant des hauts faits historiques ou religieux, livres de prières, mandalas, tormas, trônes du Jé Khenpo et du Roi actuel …

J’expliquerai ultérieurement ce que sont les tormas notamment, même s’ils apparaissent dans la dernière photo de la seconde ligne. De ce site s’offre une vue dégagée sur l’ensemble de la ville et les montagnes environnantes.

En descendant vers la capitale et après quelques zigzags (la ligne droit n’existe réellement pas au Bhoutan !), nous parvenons au National Mémorial Chorten. Le mot chorten ou stupa désigne un élément incontournable de l’architecture himalayenne que ce soit dans ce pays, au Tibet, au Népal ou au Ladakh par exemple. Sa forme est celle d’une cloche inversée. Ce monument se compose de 5 parties auxquelles le bouddhisme attribue une signification : la base représente la terre, le dôme, l’eau, les 13 marches/parasols/anneaux à la fois le feu et les 13 degrés de la Connaissance qu’il faut gravir pour atteindre l’Eveil, la lune et le soleil symbolisent l’air, enfin le pinacle enflammé l’éther (un espace pur, céleste et infini). Il y a donc une description de la voie à suivre pour se purifier.

51. Memorial Chorten
National Mémorial Chorten

 

Pour en revenir au monument lui-même, il attire de très nombreux pèlerins qui viennent circumambuler tout autour dans le sens des aiguilles d’une montre. Après un quart de rotation, un bâtiment abrite les lampes à huile en train de brûler pour célébrer une naissance, accompagner un défunt dans l’au-delà ou tout simplement pour attirer la bonne fortune sur quelqu’un. A mi-parcours se trouve le logement des moines et des résidents permanents. Les personnes âgées ont en effet la possibilité de se retirer là volontairement à la fin de leur vie. Elles doivent être consentantes : ce n’est pas leur famille qui doit tenter de s’en débarrasser, surtout que ce comportement n’existe pas au Bhoutan où on prend soin de ses ainés. Ce n’est pas non plus un mouroir donc j’ai vu des personnes âgées en bonne condition qui sont là pour se consacrer à leur philosophie. Au trois-quart de la rotation, un espace pour se prosterner « à la bouddhiste ». Cela consiste à répéter à trois reprises l’enchaînement suivant : mains jointes posées sur le front (pour la juste pensée), puis sur la bouche (pour purifier les paroles) et enfin près du cœur (car nos actions doivent venir du cœur) avant de se coucher au sol qu’il faut toucher avec le front. Une autre façon de se purifier est de réciter des prières, sachant qu’il en faut 108 pour un chapelet.

A l’intérieur du sanctuaire, une chapelle autour de laquelle on peut aussi graviter mais toujours dans le sens des aiguilles d’une montre. Enfin, à gauche de l’entrée du site en entrant, un abri sous lequel se trouve des moulins à prières géants qu’il faut actionner avec la main droite uniquement (pour pouvoir tourner dans le sens des aiguilles d’une montre). A chaque tour sur lui-même, il fait tinter une clochette. Les moulins étant remplis de prières, cela permet d’en faire bien plus qu’en récitant le chapelet. Si l’on souhaite mettre en action ces moulins, il convient de le faire en arrivant sur place pour respecter les règles de circulation.

Abris aux moulins à prières
Moulins à prières à gauche de l’entrée

 

Dans le cœur du centre-ville, plusieurs sites d’intérêt se regroupent :

  • Le zoo de Thimphu qui est en fait davantage une réserve. Le seul endroit du pays où des animaux sauvages sont retenus en captivité. En effet, les bhoutanais pensent que les animaux doivent vivre libres. Ils ont donc décidé il y a des années de réintroduire dans leurs milieux naturels tous les occupants du zoo. Seuls ceux qui étaient trop domestiqués restent aujourd’hui à savoir quelques chèvres des montagnes, un cerf local et surtout un drôle d’animal appelé « takin« . Le takin est l’animal emblématique du pays comme l’est le coq pour la France. La légende raconte qu’au 15ème siècle vécu le « fou divin » connu sous le nom de Drukpa Kunley. C’était un demi-dieu venu du Tibet qui avait un comportement excentrique et choquant : à chaque fois qu’il voulait accomplir une bonne action, il s’y est pris de manière maladroite avec un résultat parfois désastreux. Un jour, des villageois lui ont apporté une chèvre et un bœuf qu’il a tués par décapitation. Cela a mis les villageois hors d’eux car ôter une vie (ou en l’occurrence 2) est proscrit dans le bouddhisme. Le « fou divin » a donc redonné vie aux deux bêtes mais en mélangeant corps et têtes. Le takin est l’un des deux.

Takin, animal emblématique du Bhoutan

  • La Bibliothèque Nationale occupe deux étages : en bas, des écrits et encyclopédies offerts par la famille royale, en haut des écrits religieux sur le Bhoutan. C’est là aussi que mon guide m’a informé d’un fait historique récent passé totalement sous silence depuis une vingtaine d’années, la Chine fait pression sur le Bhoutan pour récupérer des terres. En 2007, la Chine s’est appropriée une vaste bande de terre au nord du pays avec un simulacre d’acception du Bhoutan. La communauté internationale (en dehors de l’Inde) n’en a pas parlé et n’a pas réagit. Pour voir l’ampleur de cette invasion, il suffit juste de regarder la carte du Bhoutan sur Google Maps. La zone en pointillés appartient normalement au Bhoutan mais est en réalité annexée.
  • L’Ecole des Arts Traditionnels situé un virage plus haut que la bibliothèque. C’est un centre de formation pour jeunes hommes et femmes où l’on peut entrer après sélection à l’issue du parcours scolaire standard. Selon les spécialités, le cursus va durer de 3 à 6 années, les étudiants étant hébergés sur place et ne rentrant chez eux que lors de quelques fêtes. On peut y apprendre entre autres la peinture, la broderie, le tissage, la sculpture, la gravure …
  • De l’autre côté de la rivière, un atelier artisanal permet de découvrir la fabrication du papier bhoutanais. Il ne s’agit pas d’une feuille blanche et fine comme chez nous mais d’un produit manufacturé qui ressemble presque à du carton. Il est fabriqué notamment à partir de chêne. Des femmes récupèrent les fibres de bois à l’intérieur du tronc par râpage puis elles les font baigner. A la fin de cette étape, on a un liquide dense en particules en suspension. On plonge alors une grande plaque du genre tamis dans cette solution, il va en ressortir une pâte. Grâce à des secousses maîtrisées, l’ensemble va prendre la forme d’une feuille de papier épaisse et détrempée. Les feuilles vont ensuite passer dans une presse avant d’être séchées quelques minutes seulement sur des immenses panneaux. Chaque jour, 1 seule personne peut produire jusqu’à 300 feuilles avec la technique locale non-mécanisée.

Le dernier monument et pas le moindre est le dzong de Thimphu. Nous nous y rendons pour la fin de journée car il n’est ouvert pour la visite qu’après la fin de journée des fonctionnaires. 2 fois par jour, à 7h et 17h se déroule la cérémonie du drapeau en présence de soldats et de moines portant une tenue traditionnelle normalement réservée aux femmes.

Après celle-ci, il est possible de rentrer dans la forteresse qui s’étend sur 270 mètres de long pour 100m de large. A l’intérieur, une partie administrative avec les bureaux du Roi, du Premier Ministre, des Ministres et de l’administration du district (160 personnes) et une partie religieuse avec 400 moines. L’hiver, le clergé quitte les lieux pour aller à Punakha, 2nde capitale religieuse du pays.

Une fois passé la porte principale, il y a des galeries extérieures décorées de riches fresques de démons et de divinités. Ensuite, une vaste esplanade permettant de voir la tour centrale nous séparant de la partie administrative et plusieurs monastères. Le plus important se visite et ressemble à un temple tibétain ou ladakhi avec notamment ses bancs de prières pour les moines, des tambours, des cymbales et des conques, d’innombrables statues, fresques, livres sacrés, drapeaux de prière… Le début d’une cérémonie religieuse nous invite à sortir du lieu car il n’est pas possible d’y assister.

En dehors de ces principaux sites, il en existe d’autres : musées, statue géante, stade national, poste centrale et bureau de philatélie, atelier artisanal tenu par des femmes … Ils ne seront toutefois pas présentés ici d’une part parce que je ne les ai pas tous visités, d’autre part car je ne cherche pas à remplacer un guide touristique.

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