Etudiants en uniforme

Mode de vie bhoutanais

Le Bhoutan est un pays méconnu dont la réputation tient souvent au concept de « Bonheur National Brut » ou BNB, un indicateur créé par le 4ème roi pour remplacer le PIB trop réducteur. Il intègre 4 grandes dimensions : la bonne gouvernance, le développement durable, la préservation de l’environnement naturel et celle de la culture, autant de thèmes qui sont chers à chacun dans le pays.

Bhoutan serait un nom d’origine indienne. Bhut signifierait « fantôme » et Stan « terre ». Le pays était autrefois si isolé de l’extérieur que ses voisins ne savaient pas s’il était vraiment peuplé ou non.

Pour le reste de cet article j’adopte une présentation par thèmes, classés par ordre alphabétique :

Architecture

Une maison traditionnelle bhoutanaise comprend historiquement trois étages on l’a déjà dit : en bas le bétail, au milieu l’habitation et en haut le grenier. J’ai aussi déjà précisé que les animaux n’étaient plus trop autorisés à l’étage inférieur. Les toilettes étaient généralement à l’extérieur.

Un toit traditionnel ne comporte pas de clou en fer mais plutôt en bois : aussi voit-on de nombreux bâtiments avec une quantité impressionnante de pierres sur le toit qui permettent de bien maintenir les tuiles en place.

Tout bâtiment, aussi moderne soit-il, doit comporter un minimum d’éléments traditionnels d’où ces frontons en bois ou l’encadrement des fenêtres qui se retrouvent quasiment partout.

Economie

Les principales sources d’exportations concernent l’électricité grâce à des barrages, le tourisme et la production d’alcool notamment du vin.

Les aliments et les voitures constituent les principaux biens importés.

Dans les deux cas, le principal partenaire économique est le voisin indien.

Famille

La cellule familiale est très importante au Bhoutan. Aussi toute la famille vit-elle dans le même logement en général, même s’il y a plusieurs frères et sœurs. En ville, cette pratique a tendance à se réduire avec l’ouverture du pays. Lorsque les parents deviennent âgés, ce n’est pas le seul cadet qui en a la charge mais l’ensemble de la fratrie. Et comme on l’a vu pour le National Mémorial à Thimphu, les anciens ont la possibilité de se retirer dans un temple à la fin de leur vie. Ce choix est uniquement le leur.

Loisirs

Le caram est un jeu indien qui semble très populaire et voit s’opposer deux équipes de deux joueurs. Il y a un plateau percés de trous en six endroits et des palets. Le but est de mettre tous ses palets dans les trous avant son adversaire tout en veillant à conserver sa reine jusqu’au dernier coup. Je n’ai pas compris le détail des règles mais tant en Inde qu’au Bhoutan, le jeu semble très prenant à ce que j’en ai vu.

Caram

J’ai aussi assisté à une session de tir à l’arc. C’est tout bonnement impressionnant ! L’archer dispose d’un arc ultra moderne certes mais il tire à bien plus de 100 mètres d’une cible grande d’une quinzaine à une trentaine de centimètres. Lorsque la flèche atteint la cible (la plupart du temps), des juges et coéquipiers notent le score, récupèrent la flèche et effectuent un petit cérémonial saluant la performance mêlant chant et danse.

Durant mon séjour, il y a eu deux matchs de foot internationaux. L’équipe du Bhoutan étant non professionnelle (composée d’étudiants, de chômeurs et d’un docteur), elle perd quasi systématiquement. En l’occurrence contre les Maldives et Hong-Kong qui ne sont pas spécialement connus pour leur niveau dans ce sport.

Mariage

Le mariage n’est pas toujours choisi au Bhoutan. En cas de mariage arrangé, cela se fait à l’intérieur d’un cercle de connaissances. Les jeunes gens peuvent refuser cette union. Par contre, arrangé ou pas, il faudra l’aval de la famille avant de s’unir.

Comme dans d’autres cérémoniaux de la vie (la naissance et l’attribution d’un nom notamment), l’horoscope joue un rôle en fournissant par exemple la meilleure date pour la cérémonie lorsqu’il y en a une. Le rituel religieux n’est en effet pas reconnu comme ayant de la valeur. Pour cette raison, je ne vais pas décrire la cérémonie traditionnelle car il y a des variantes et que l’influence occidentale se fait parfois sentir.

Depuis le dernier changement de constitution, la polygamie n’est plus autorisée au Bhoutan. Il convient cependant de souligner que ce mouvement est récent car le monarque précédent, qui a abdiqué en 2009, a 4 épouses.

Le divorce existe et est autorisé.

Politique

Le Bhoutan est un royaume himalayen mais très préoccupée par la démocratie. La séparation de l’Eglise et de l’Etat est une réalité.

Le Roi actuel est le 5ème de la dynastie. Il est assisté depuis moins de 10 ans par un Premier Ministre et son gouvernement.

Il y a 12 Ministres au Bhoutan aussi bien des hommes que des femmes. Ceux-ci sont choisis par 5 ans et sont désignés par le peuple.

Toujours pour le pouvoir exécutif, une assemblée de 47 membres siège deux fois par an du fait du nombre modéré de dossiers à traiter. Une seconde chambre, le Conseil National, vient la compléter avec 25 membres.

Le Roi a la possibilité de passer outre la décision de l’Assemblée ou du Premier Ministre. Il est cependant juste et il n’y a pas eu jusqu’à présent d’abus de pouvoir de sa part.

Le pouvoir judiciaire est au main d’une Cour Suprême même si dans les bhoutanais peuvent faire appel en dernier ressort au Roi.

Au niveau local, les districts sont dirigés à la fois par des parlementaires régionaux et par un chef local dépendant du Ministre de l’Intérieur. Tous ces politiciens sont élus pour un an par la population.

Au niveau le plus fin, il y a des chefs de villages ou d' »agglomérations » qui font descendre les décisions prises et peuvent régler les litiges mineurs.

Population

Le Bhoutan compte moins de 1 million d’habitants. En 2013, il y avait dans les 90 000 habitants à Thimphu et 60 000 à Paro. Cependant, l’exode rural en cours aurait tendance à renforcer ces chiffres.

De nombreux tibétains et népalais sont venus au fil des époques ce qui a eu notamment une influence sur la langue.

Principales difficultés

La malnutrition existe toujours dans le pays et tue encore chaque année des élèves.

Le Bhoutan est autosuffisant à 69% en riz et autres céréales et à 89% pour les légumes. Sa superficie est de 38 394 km² mais seulement 7% des terres sont arables et parmi, celles-ci, seules 3% sont cultivées !

Rizières

Il convient de souligner une réticence des jeunes à occuper des postes peu valorisés (comme balayeur ou peintre par exemple). Des efforts sont entrepris pour tenter d’améliorer l’image de la filière « professionnelle ».

En conséquence du point précédent, 75 000 travailleurs étrangers, essentiellement indiens, occupent les tâches dures, ingrates et/ou dévalorisantes. Cela représente 1/5 de la population active nationale et explique que les locaux soient confrontés à du chômage. Pour y remédier, les politiques envisagent de contraindre l’acceptation de ces emplois pour les chômeurs.

Qualité de vie

Au Bhoutan, l’école et la santé (dans le public)  sont gratuites. Elles sont notamment financées grâce à l’importante taxe de séjour quotidienne dont doivent s’acquitter les touristes étrangers pour séjourner dans le pays. En outre, tout le monde bénéficie de la même éducation de base : le roi a ainsi suivi les cours au milieu des autres élèves jusqu’à l’université. Il est ensuite parti à l’étranger.

Un système de retraite existe pour les 65 ans et plus.

Le taux d’imposition est particulièrement bas dans cette monarchie : 3% du revenu pour les classes les moins aisées.

La majorité est obtenue à 18 ans.

Religion

Le chef religieux du pays est le Jé Khenpo, équivalent du Pape pour les catholiques. Il est désigné à vie sauf s’il laisse sa place. C’est lui qui oriente la doctrine et dirige le clergé (7 000 moines au Bhoutan). Il est assisté au quotidien par 5 éminents religieux.

Sans entrer dans les détails car je ne suis pas du tout bouddhiste, voici quelques précisions autour de la religion :

Avant le bouddhisme, les habitants du pays pratiquaient la religion bön qui à ses origines requéraient des sacrifices de vies animales bien que proche de la nature par ailleurs car possédant des divinités presque dans chaque élément. Avec l’avènement du bouddhisme, tuer est devenu un des interdits majeurs. C’est alors que sont apparus les tormas, sorte de galettes de riz de toutes les formes et de toutes les couleurs.

Kuensel Phodrang - Intérieur - Tormas
Intérieur – Tormas

Il existe 3 principaux types de bouddhisme : le premier concerne la Chine, le Japon et la Thaïlande notamment, le second le Sri Lanka et l’Inde, le dernier le Tibet, le Népal, le Ladakh et le Bhoutan.

Le mandala est une représentation très courante dans tous les temples. Leur symbolique est extrêmement complexe pour des béotiens. Seuls les lamas les plus expérimentés savent les tracer et en comprendre le sens profond. Tous ont cependant le même modèle avec 4 portes pour garder les 4 directions, une représentation des 5 éléments et enfin la description du parcours à suivre pour surmonter tous les obstacles et atteindre l’Illumination.

Dans tous les monastères, on trouve des manuscrits religieux très vénérés : il s’agit des kangyurs et des tangyurs. Les premiers seraient les textes originaux écrits et prêchés par les « dieux » (entre guillemets car il n’y a pas vraiment de dieu dans le bouddhisme) tandis que les seconds seraient également rédigés par les « dieux » mais interprétés par les moines.

Tenue

Le costume traditionnel féminin s’appelle le gho tandis que celui des hommes est appelé kila.

Les officiels portent en sus une écharpe dont la couleur indique la fonction : jaune pour le roi, orange pour les ministres, bleue pour les élus, blanches pour le peuple …

Fonctionnaires bhoutanais

A l’occasion des tshechus, festivals religieux commémorant des hauts-faits passés, certaines personnes portent des masques d’animaux ou de divinités et effectuent des danses très codifiées qui varient d’une région à l’autre du pays.

Transport

Au Bhoutan, la ligne droite n’existe pas ou presque pas. Le nombre de virages est donc inconcevables pour nous occidentaux. En outre, le réseau routier n’est pas très dense, en partie à cause de la géographie du pays. Deux axes vont d’ouest en est : un dans les plaines du sud et un second à travers de nombreux cols au centre du pays. C’est cette seconde voie que j’ai empruntée pour ma part. La route n’est pas toujours goudronnée non plus. Une bonne partie du Dochula se parcourt sur une route en terre bourrée de nids de poule.

Les voitures sont majoritairement de marques indiennes ou japonaises avec volant à droite, il y a aussi des coréennes qui commencent à bien pointer. La conduite est globalement prudente mais il y a bien sûr des exceptions, notamment dans la fonction publique, avec des conducteurs qui se la jouent « à l’indienne » (circulation sur l’autre voie, dépassement sans visibilité …). Une bonne partie des véhicules du pays se trouvent dans les alentours de Thimphu où de multiples concessionnaires se sont regroupés dans la même zone.

Travail / Ecole

Globalement, les femmes travaillent davantage dans les champs tandis qu’il y a plus d’hommes dans les emplois de bureaux.

L’école se tient de 8h30 à 16h en été et 15h en hiver. Les horaires de bureaux vont quant à eux de 9h à 17h en été ou 16h en hiver.

Avant 6 ans les enfants ne vont pas à l’école car selon une croyance, le cerveau n’est pas encore totalement développé et il y a donc des problèmes de compréhension chez l’enfant. Un cursus normal et minimal comprend le primaire (6 ans) et le secondaire (6 ans également). Vient ensuite la High School pour 3 ans, le Degree 3ans, le « master » en 2 ans et éventuellement un PhD en 7 ans. Il est toutefois possible d’arrêter son cursus dès qu’on le souhaite. Pour effectuer des études supérieures, il faut passer un examen de sélection. En cas d’échec mais de finances suffisantes, l’étudiant part en Inde parfaire sa formation.

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